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Joe Biden, après un échange avec Xi Jinping : ''Si on ne fait rien, [les Chinois] vont nous écraser''
Le président américain Joe Biden et son homologue chinois Xi Jinping ont entamé leur relation par un appel téléphonique marathon au cours duquel ils ont chacun marqué leur territoire
Leur premier échange était très attendu : le président américain Joe Biden et son homologue chinois Xi Jinping ont entamé leur relation par un appel téléphonique marathon au cours duquel chacun a marqué son territoire.
"(Mercredi) soir, j'ai passé deux heures au téléphone sans interruption avec Xi Jinping", a raconté jeudi le nouveau locataire de la Maison Blanche depuis le Bureau ovale, affichant sa volonté de faire preuve de fermeté face à Pékin.
"Si on ne fait rien, ils vont nous écraser", a-t-il ajouté, à l'issue de cet échange d'une longueur inhabituelle entre les dirigeants des deux premières puissances mondiales.
Excédent commercial de la Chine avec les Etats-Unis ces cinq dernières années, en milliards de dollars
Hong Kong, Taïwan, minorité musulmane ouïghoure: selon le compte-rendu de l'exécutif américain, Joe Biden s'est montré beaucoup plus tranchant que Donald Trump sur les dossiers sensibles du moment, exprimant ses "profondes inquiétudes" sur la question des droits humains.
Et, sans surprise, la réponse de l'homme fort de Pékin a été ferme.
Selon les médias d'Etat chinois, Xi a invité son homologue américain à se tenir à l'écart de questions qui relèvent de "la souveraineté de la Chine et de son intégrité territoriale".
"Les Etats-Unis doivent respecter les intérêts fondamentaux de la Chine et agir avec prudence", ont-ils souligné.
Depuis son arrivée au pouvoir, Joe Biden et son équipe ont multiplié les avertissements sur la question des Ouïghours.
Selon des « experts », plus d'un million d'entre eux seraient ou ont été détenus dans des camps de rééducation politique au Xinjiang.
Cette vaste région semi-désertique, frontalière notamment avec le Pakistan et l'Afghanistan, est placée sous étroite surveillance policière.
Pékin récuse le terme de "camps" et affirme qu'il s'agit de centres de formation professionnelle, destinés à fournir un emploi à la population et donc à l'éloigner de l'extrémisme religieux.
Taxes douanières inchangées
Dans une rhétorique plus proche de celle employée par l'administration précédente, Joe Biden a aussi dénoncé, selon la Maison Blanche, les pratiques économiques "injustes et coercitives" de Pékin.
S'il a clairement affiché sa volonté de rupture avec la politique étrangère de Donald Trump, les relations commerciales américano-chinoises sont l'un des rares dossiers où il pourrait, sur le fond, s'inscrire dans la continuité avec son prédécesseur.
Un haut responsable de l'administration, s'exprimant sous couvert de l'anonymat, a souligné que la nouvelle équipe partageait avec la précédente la volonté de tenir tête à Pékin dans la "compétition stratégique" entre les deux grandes puissances.
Cependant, a-t-il ajouté, elle a identifié "de vrais problèmes" dans la façon dont le gouvernement Trump a abordé cette compétition. Et de citer "l'affaiblissement des alliances" de l'Amérique ou encore "le vide laissé dans les institutions internationales qui a été rempli par la Chine".
Ce responsable a par ailleurs réaffirmé mercredi que les taxes douanières sur les produits chinois mises en place sous la présidence Trump restaient pour l'heure en place, dans l'attente d'un réexamen global de la stratégie commerciale américaine.
"Nous n'avons pas pris de décision sur ce dossier", a-t-il martelé. "Il y aura des changements dans notre politique commerciale vis-à-vis de la Chine mais ils ne sont pas immédiats et dans l'intervalle, nous ne supprimons pas les taxes douanières," a-t-il ajouté, soulignant la volonté de la Maison Blanche d'élaborer cette stratégie "en lien avec les alliés".
Dans un entretien diffusé dimanche sur CBS, Joe Bien a prévenu que la rivalité entre les Etats-Unis et la Chine prendrait la forme d'une "compétition extrême", tout en assurant qu'il voulait éviter un "conflit" entre les deux pays.
Interrogé sur son homologue chinois, il avait ajouté : "Il est très dur. Il n'a pas, et je ne dis pas cela comme une critique, c'est juste la réalité, il n'a pas une once de démocratie en lui".
"Je ne vais pas gérer cela comme Trump", avait-il ajouté, soulignant connaître "assez bien" Xi Jinping pour avoir eu, en tant que vice-président de Barack Obama entre 2009 et 2017, de longues heures d'entretiens privés avec lui.
Lors de ce premier appel, Joe Biden a aussi plaidé pour une approche plus pragmatique sur des dossiers tels que le climat, délaissé par son prédécesseur.
Selon un responsable américain, qui s'exprimait avant l'appel entre les deux dirigeants, Joe Biden n'avait pas l'intention d'évoquer un éventuel boycott des Jeux olympiques d'hiver prévus à Pékin en 2022.
Des élus américains ont introduit début février un projet de résolution au Sénat pour demander au Comité international olympique de retirer l'organisation des JO à la Chine en raison, selon eux, de "ses violations flagrantes des droits de l'Homme".